Les attentes actualisées des clients placent la barre plus haut

Les entrepreneurs se demandent ce que la deuxième vague apportera et font des projets à court terme. Cet article présente mon point de vue sur les entreprises russes de différents calibres, leurs succès et les leçons de l’expérience du printemps-été 2020.

On entendait pleurer et rire et se fracasser les cailloux

En septembre, il y avait plus de choses à faire dans nos listes de jour, plus des voitures dans les rues, plus des gens dans les parcs. Ceux qui étaient en dacha en été, ont noté avec intérêt les changements : là la pharmacie au lieu d’un magasin, là « à louer », là tout est resté comme auparavant, sauf les annonces sur les masques et les gants.

On promet à l’économie russe une reprise rapide de la pandémie : le secteur public et les grandes entreprises prédominent, la part des petites entreprises est insignifiante.

Les fonctionnaires, les spécialistes en informatique et telecommunications, les vendeurs d’alimentation et les vendeurs sur Internet sont ceux qui sentent toujours bien.

Les petites entreprises modestes, indépendantes de l’État, survivent et s’équilibrent, mais quelques unes freinent leurs activités. Sur la porte d’un magasin « 1001 petites choses » il y avait une note : « Le magasin s’est fermé. A jamais !!! » Comme si on n’a pas fermé la porte, mais l’a claquée bruyamment.

Le succès des entreprises qui prospèrent, petites ou en croissance, se compose de recherches inlassables de solutions et de travail minutieux. Mais cela ne signifie pas nécessairement que ceux qui se sont fermés n’ont pas essayé.

Le commerce de vêtements en fourrure qui a cessé

Le propriétaire de la société « Mexico » a révélé les raisons de l’échec dans son interview à un site web local à Kirov, qui se trouve à environ 900 km à l’est de Moscou.

« Mekh » veut dire « fourrure » en russe ; l’association géographique est là mais juste comme un jeu de mots. La société a été lancée dans les années 1990. Pendant la pandémie, elle a cessé de fabriquer des manteaux et des chapeaux, et ne reprendra pas la production.

Le directeur estime que son entreprise aurait pu être sauvée si l’État avait laissé l’entreprise retirer, au moment de la pandémie, une partie des taxes que « Mexico » avait payées auparavant.

La compagnie a contribué au budget de l’État à hauteur de 1,5 million de roubles par an (environ 17 000 EUR, le prix d’un studio de 30 m² à Kirov). « Nous avons eu beau attendre – dit-il, – nous ne nous sommes découverts dans aucun des programmes de soutien. Les entreprises manufacturières qui n’étaient pas considérées comme systématiquement importantes se sont retrouvées sans soutien de l’État ».

Le fabricant de produits en fourrure ne blâme ni la quarantaine, ni le climat, ni la mode.

Il ne voit la principale raison de l’arrêt de son business né dans les années 90 dans la pandémie, mais dans la baisse du niveau de vie dans le pays au cours des cinq dernières années et dans les actions de la Banque centrale, un taux de refinancement élevé et une réduction de la masse monétaire en 2014-2017.

Selon lui, ces mesures de la Banque centrale ne sont pas bénéfiques pour les entreprises, mais pour les grandes banques.

Le salon de beauté ne peut pas être soutenu en ligne

À Moscou, les autorités de la ville ont insisté pour qu’on rester à la maison du 30 mars au 25 mai. Un régime de jours non-ouvrables et de confinement a été imposé.

De nombreuses entreprises ont poursuivi leurs activités en télétravail. Les salons de coiffure, les salons de beauté, les petits magasins privés de cette possibilité ont résolu les problèmes avec les employés aux dépens de l’aide de l’État (un SMIC par mois pour unité de personnel) ou sur leur propre initiative.

Finie l’époque de la circulation de documents en papier

Le confinement a considérablement accéléré le passage au ‘digital’. Il existe un proverbe « A quelques choses , malheur est bon », là il est bien à propos. Un exemple du secteur bancaire, qui lui aussi se sent bien : la Raiffeisenbank a arrangé le premier prêt syndiqué en format digital en Russie en août. Onze parties ont participé à la signature, mais pas un seul document n’a été imprimé et signé. Dans une interview avec la RBC, le chef du département chargé de département travail avec les grandes entreprises a déclaré : « En janvier, je dirais que nous en arriverions à une telle chose dans cinq ans, car j’étais sûr que le clients n’y serait pas prêt encore très longtemps.

« Avito » avait eu de la chance avec le pays

L’entreprise russe « Avito », qui connaît un grand succès, c’est un énorme tableau d’affichage sur le net, où on peut acheter et vendre tout ce qui n’est pas interdit. Chaque jour, 60 millions de publicités apparaissent sur leur site. C’est le premier service russe de ce type dans le monde, après le « Craigslist » américain.

Les habitants isolés des grandes villes russes voulaient respirer l’air du printemps au moins sur les balcons. Pour ce faire, ils ont dû libérer de l’espace et le re-équiper. On a trié le nanar, transformant les cagibis, les mezzanines, les armoires, les tiroirs.

En 2009, Avito a été promu grâce à l’annonce « Combien coûte ton fouilles ?  » La croissance s’est poursuivie grâce au grande dimensions du pays et à la diffusion de l’Internet. Dans les circonstances de la pandémie, les idées d’utilisation rationnelle des choses ont pris un nouvel élan.

Tous les services liés aux réparations et aux articles ménagers ont atteint des niveaux records, et ont doublé leur rendements parce que beaucoup de gens ont commencé à investir dans la décoration et la rénovation, a déclaré le PDG d’Avito fin août dans un interview avec KPMG.

Le succès en ligne d’un offline typique, un nouveau triomphe de la VkusVill

Les principaux responsables de la chaîne VkusVill (vkus=le goût) en parlent ainsi : « nos magasins sont apparus au bon moment et au bon endroit ».

La VkusVill (entreprise qui existe depuis 2009) propose une offre attrayante pour la classe moyenne russe : des produits savoureux pour une alimentation saine à des prix abordables.

La VkusVill a un concept original : un petit magasin dans un immeuble d’habitation, des produits alimentaires frais à courte durée de conservation, des fabricants qui travaillent à la commande, les produits vendus sous la marque de la chaîne.

Avant la quarantaine La VkusVill n’avait pas de service de livraison. En fait, on pouvait faire une commande à domicile, mais les produits étaient livrés par Gett taxi, et la facture était payée par l’acheteur. La plupart des clients n’en avaient pas besoin, les magasins sont à deux pas de la maison.

Pendant la pandémie, le modèle de « nourriture fraîche près de la maison » a vacillé : les locaux de la VkusVill étaient petits – un risque pour les vendeurs et les acheteurs. Et si les acheteurs ne viennent pas, on est obligé de radier et jeter les produits à courte durée de conservation, qui constituent 70 % d’offre produit.

L’équipe de la VkusVill s’est beaucoup efforcé de développer la boutique Internet et de créer une livraison rapide et gratuite chez le client. En juin déjà, le rapport provenant des commandes en ligne représentaient 12 % du total.

Pendant la pandémie, le chiffre d’affaires en ligne a été multiplié par 30. Et la clé de la réussit n’est pas seulement dans les technologies miracles, mais aussi dans une attitude attentionnée envers les clients – les employés ont choisi les produit commandes en portant un soin particulier à chaque article.

Lors d’une récente interview, le PDG a expliqué le succès du commerce en ligne: « Nous n’aimons pas compliquer les choses, donc la seule règle pour les vendeurs travaillant sur les commandes en ligne est de choisir les produits et de les emballer comme si s’était pour soi-même. C’est beaucoup plus clair que des centaines d’instructions inutiles. Mettriez-vous une pomme pourrie dans votre panier ? N’en mettez donc pas dans le panier du client. Quoi de plus simple » ?

La confiance des acheteurs a toujours été une priorité pour l’équipe de la VkusVill. Ils s’appellent eux-mêmes « entreprise dirigée par le client ». Ils travaillent en permanence sur les témoignages des clients, améliorant à la fois leurs propres façons de travailler et les produits des fournisseurs.

« Dans la plupart des conférences, les discours de nos employés font fureur », écrit dans son livre publié début 2020, le directeur de la communication externe de la VkusVill. – « Étonnamment, les gens se réjouissent des faits évidents. « Pour que l’acheteur vous fasse confiance, vous devez maintenir un dialogue constant avec lui », dit-on. Et le public applaudit ».

Ce n’est jamais arrivé, et nous voilà danser de nouveau

Un de mes clients, le directeur d’un club de danse, a raconté l’histoire. Le club, dans lequel il est engagé depuis plus de quinze ans sans vacances ni week-ends, a connu l’ouverture après le confinement avec des dettes de loyer.

La salle est grande, les locaux à Moscou sont chers, donc ça fait une grosse somme. Les négociations avec les propriétaires de la place n’ont apporté qu’un petit délai. Le soutien de l’État egal à quelques SMIC – le club y avait droit en tant comme « l’entreprise culturelle et de loisirs » – n’a rien résolu.

A part ça d’autres problèmes sont apparus. Il y eu une tension dans l’air au sujet de la relation l’administration – danseurs-entraîneurs. Avant la quarantaine, ces relations semblaient être bonnes et mutuellement bénéfiques.

Il est évident que la réclusion de deux mois – ça fait réfléchir, et plusieurs enseignants ont décidé de travailler sous leur propre marque. Et ceux qui sont restés ont eu le désir de jouer un rôle plus actif, d’influencer des programmes d’études et la stratégie en général.

Quant à l’argent, il a été décidé de le collecter en vendant des abonnements de longue durée. Au lieu du trivial abonnements pour un mois, trois mois, six mois on a offert plus d’une douzaine de combinaisons réunissant des cours en groupe, des cours individuels et des fêtes. On n’a pas dissimulé les problèmes financiers, et un commentaire sur les dettes a été ajouté à l’annonce. Et à l’offre d’abonnement une option a été ajoutée: « Juste pour soutenir le club ».

Le résultat a été étonnant : l’aide gratuite a apporté environ un quart de la somme nécessaire. « D’une part, – dit le directeur du club, – un tel soutien peut être considéré comme une reconnaissance pour le fait que le club a depuis de nombreuses années établi des relations d’amitié avec des clients et des partenaires. Mais, d’autre part, c’est une avance, un crédit de confiance, qui doit être justifiée. Maintenant, je dois tout faire pour que les gens ne soient pas déçus. Et comment savoir exactement ce que je dois faire ? Qu’attend-on de nous ? »

La réponse « il faut le demander à eux » est évidente. Et il y a deux choses importantes à prendre en compte.

Tout d’abord, le club n’est pas seulement composé d’élèves et d’invités qui viennent danser lors des fêtes, mais aussi de ceux qui y travaillent. « Qu’est que vous aimez chez nous ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas, selon vous ? En général et aujourd’hui en particulier ? » Ces questions ils faut les poser à vos collègues aussi.

Ensuite, on répond à ces questions lorsqu’on comprend pourquoi c’est nécessaire. Après avoir recueilli des avis, remerciez et expliquez de quoi vous tiendrez compte ou pas, et pourquoi.

La période d’intense activité en ligne a déjà changé nous tous, et ça va continuer

Lors des conférences video et téléphoniques, qui ont lieu depuis le mois de mars en permanence, nous avons appris : on peut devenir invisible, étouffer la voix des présentateurs, être juste un spectateur et « passer son tour » sans problème.

Une attitude sensible à ses propres sentiments et un « ça m’arrange mieux » outré sont devenu une réalité de notre vie post-quarantaine.

Nous savons mieux ce que nous voulons. Nos angoisses et les changements extérieurs nous ont fait plus actif et persistant : quelqu’un a modernisé la datcha et va vivre à la campagne, ne travaillant qu’à distance, quelqu’un a décidé de changer de métier et formule pour lui-même, auxquels compromis il est prêt.

Les attentes sont devenues plus certaines. Les souhaits continueront à évoluer. Pour les entreprises qui travaillent pour des clients, la recette est toujours la même : pour savoir correspondre à l’évolution de la demande, il faut se renseigner. Une fois l’information obtenue – l’étudier. Après avoir mis en œuvre les changements, préciser: « Regardez, nous l’avons fait… vous croyez que ça fonctionne? » Dans un avenir incertain, il est préférable de ne pas compter sur des rares enquêtes périodiques, mais d’élaborer de moyens de collecter des informations simples, rapides et peu coûteux. ∞

Commentaires supplémentaires, sources d’information

1) Aide de l’État aux entreprises

Fin avril 2020, le gouvernement a approuvé les règles d’octroi de subventions aux petites entreprises (*chiffre d’affaires annuel jusqu’à 800 millions RUB, ~9 millions EUR, jusqu’à 100 employés) et aux moyennes entreprises (*chiffre d’affaires annuel jusqu’à 2 milliards RUB, 22,5 millions EUR, jusqu’à 150 employés) pour maintenir les salaires des employés en avril et mai. Les bénéficiaires des subventions pourraient être des entreprises des secteurs touchés par le coronavirus : culture et loisirs, éducation physique et sports, tourisme, hôtellerie, cafés et restaurants, enseignement complémentaire, services aux consommateurs – à condition qu’elles paient des impôts et des primes d’assurance et qu’elles gardent au moins 90 % des employés par rapport à mars 2020. Le montant de l’indemnisation était de 12130 RUB par mois et par employé (137 EUR, le SMIC). (Le coût des services publics à Moscou pour un appartement d’environ 50 mètres carrés est d’environ 5 000 RUB.) Le gouvernement a proposé un mécanisme selon lequel, du 30 mars au 1er octobre 2020, les banques accordent des prêts à taux réduit aux entreprises concernées (toutes, et pas seulement les petites et moyennes entreprises) pour une durée maximale de 12 mois, tandis que les bénéfices perdus sont remboursés aux banques sur le budget. Dans les six mois (au plus tard le 30 novembre 2020), le taux pour l’emprunteur est de 0 % par an, puis – pas plus de 3,5 %. Le prêt doit être ciblé, visé à maintenir l’emploi (principalement, le paiement des salaires). Le taux du marché pour les prêts aux petites et moyennes entreprises – de 9 à 13 % par an. https://meduza.io/news/2020/08/14/v-rossii-za-god-zakrylsya-million-predpriyatiy-malogo-i-srednego-biznesa https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/ru/Documents/tax/mery-podderzhki-covid.pdf

2) la restructuration des prêts bancaires aux particuliers

Quant aux particuliers, du 20 mars au 6 mai – selon la Banque centrale – ils ont restructuré des dettes totalisant environ 330 milliards RUB, soit près de 2 % du portefeuille de prêts aux particuliers des banques. Au total, les banques ont reçu environ 1,4 million de demandes de modification des conditions du contrat de prêt au printemps. Le 3 avril, la loi sur les congés de crédit est entrée en vigueur. Elle donne le droit de différer les paiements dans une banque ou un organisme de microfinance (OMF) jusqu’à six mois. Lors d’une conférence de presse le 8 mai, le président de la Banque centrale, M. Nabiullina, a déclaré que le niveau le plus élevé d’approbation des demandes d’exonération de paiement concerne les prêts hypothécaires, soit 80 %, ajoutant que la croissance des prêts en souffrance est attendue au cours du second semestre de l’année. https://www.vedomosti.ru/finance/articles/2020/05/12/830021-banki-restrukturirovali-rossiyanam-330-mlrd-rublei-kreditov À partir du 6 juillet 2020, une fois toutes les deux semaines, le lundi, la Banque centrale publie sur son site web les données sur l’évolution de la restructuration des dettes des personnes physiques et des companies, l’octroi de congés de crédit en relation avec la pandémie de coronavirus, ainsi que des statistiques sur les recours et les plaintes des consommateurs. https://www.cbr.ru/analytics/drknb/

3) Raiffeisenbank

C’est une banque du groupe international Raiffeisen International. La banque opère en Russie depuis 1996 et figure sur la liste des 11 banques d’importance systémique du pays. https://www.raiffeisen.ru/about/ Dmitry Sredin, chef du département des grandes entreprises de la Raiffeisenbank, parle de la transformation numérique, de la probabilité d’une vague de faillites et des conséquences à long terme de la pandémie pour le secteur bancaire.  RBC, 31 août 2020  https://plus.rbc.ru/news/5f4ca8607a8aa9109330a01c?fbclid=IwAR0IQ8XovAaZBb8qwXJPNrpNKg0377IGZu4BHijADQOKCprw2Ae1kPFYKY0

4) RBC, RosBusinessConsulting

un important holding médiatique russe, a été fondé en 1993. https://www.rbc.ru/ 5) A propos de la companie « Mexico ».29.06.2020. http://bnkirov.ru/articles/45968?fbclid=IwAR3pA2IN_xGNeIDZfwD8ZxX7ZKV_Q2NaY27mE-_jPMu43Av6eA0eaD9rZyg

5) A propos d’Avito

L’entretien avec le directeur général Vladimir Pravdivy sur le site de KPMG https://mustread.kpmg.ru/inteинтеrviews/desyatki-protsentov-v-god-eto-absolyutno-dostizhimyy-temp-rosta/

6) A propos de la chaîne de magasins VkusVill

Interview d’Andrey Krivenko sur le site de l’entreprise le 1er juin 2020. https://vkusvill.ru/news/andrey-krivenko-o-sudbe-vkusvill.html. En 2020, un livre du directeur de la communication externe a été publié : Evgeny Shchepin. « VkusVill » : comment faire une révolution en commerce de détail en faisant les choses autremenе ». Il parle du passage de l’entreprise d’un plateau de rue avec des produits laitiers naturels sans conservateurs en 2009 à 1 300 magasins et un chiffre d’affaires annuel de 82,519 milliards de RUB et du paiement de deux milliards de roubles en 2019 (1 euro = 90 roubles, 26.09.2020) (chiffres : https://www.interfax.ru/business/710912), et sans prêts bancaires. La compagnie a ouvert des magasins pilotes en Europe, pense à une introduction en bourse. Ils ont réagi à l’augmentation et à la réduction des prix des importations de denrées dues aux sanctions en 2014 en étendant le réseau de fournisseurs russes, en ouvrant de nouveaux magasins dans les locaux d’où sont partis les banques et autres détaillants, en réduisant les prix de 17 produits de base.

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